Cela se fête et se célèbre. La jeune soprano suisse, Regula Mühlemann, ne se contente pas d’un timbre à la fois corsé et frais, d’une variété de couleurs et de nuances jubilatoires, d’une virtuosité sûre qui, parfois ne manque pas de culot. Cette fine musicienne entretient aussi ce rapport privilégié aux mots qui font les grands interprètes. Cela vaut pour les airs de concert – ici les KV 217, 418 et 580 –, dont elle fait de véritables scènes théâtrales. Cela vaut aussi pour les airs d’opéras, qui la voient passer avec une aisance confondante de la Celia sensible et ardente de Lucio Silla au pathos délicat de Sandrina (La Finta Giardiniera), camper une Blonde éblouissante et charmeuse (L’Enlèvement au sérail), une Servilia douloureusement éplorée (La Clemenza di Tito). Quant au multirécidiviste Exsultate jubilate, cela fait bien longtemps qu’on n’avait entendu semblable perfection.

LE MONDE
MARIE-AUDE ROUX